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Edition & licencing musical 2.0 : L'ère Beatstars, Jul et Spotify


Pour les plus attentifs... vous aurez compris que pouvoir contacter un artiste quand on veut, sans intermédiaire,"pour lui proposer une instru, un son, un texte et une chanson, est un avantage, que dis-je, un "privilège" ... qui n'est pas donné aux artistes indés en général. Ni même aux artistes édités d'ailleurs car chaque éditeur a un réseau limité à son genre artistique et un relationnel pro fondé sur l'expérience. Autant dire qu'il le protège jalousement. C'est la raison pour laquelle l'édition musicale et le placement d'oeuvres sont des domaines ou la discrétion, la confidentialité et donc la rétention d'informations sont les comportements les plus fréquents.


Oui, mais voilà... ce pan du music business aujourd'hui se remet encore d'une belle gifle dont la douleur tarde à se dissiper, et que nous pourrions résumer en trois mots :


Beatstar, JUL, et Spotify,


J'entends déjà quelques collègues pros dire que c'est un raccourci simpliste (pléonasme), certes, mais on ne s'adresse pas à eux ici... et puis vous commencez à nous connaitre, on adore vulgariser les process compliqués inutilement.


Eclairage :


BEATSTARS : Mise à disposition d'une librairie musicale pros de chansons et d' instrus de haute voltige, prêtes à être finalisées et commercialisées. Ventes de licences exclusives ou non exclusives, mise à disposition des stems (pistes séparées pour permettre au producteur de rajouter des voix, remixer, etc.) L'usage existait dans la synchro avec des outils pros confidentiels, puis s'est développé dans le rap et les musiques urbaines, mais le modèle s'est ouvert et couvrent désormais tous les besoins : variétés contemporaines, pop, ethniques... et toujours la synchro audiovisuelle avec les propositions connexes des vendeurs d'images et de vidéos. La proposition en s'élargissant est en train d'enfumer le modèle historiquement confidentiel, hermétique, lourd et lent de l'écosystème "création/édition". L'éditeur reste essentiel et incontournable pour établir les contrats et développer mais pour la partie mise en relation et découverte, il est désormais au même niveau que n'importe artiste entrepreneur ou créatif en recherche d'opportunités. Beatstars n'est pas seul mais ils sont devant la concurrence.


JUL : Créations fleuves, productions "home studio", clips "des quartiers", distributeur indé (believe), marketing digital égrainé ça et là de belles fautes d'orthographes... c'est en "claquettes-chaussettes" depuis les quartiers de Marseille, et sans aucune insolence convenu, que JUL continue de naviguer dans le Top 10... devant les regards médusés des acteurs historiques du music business et de la presse musicale, dont certains ont encore du mal à avaler la pilule. Et ce commentaire qui revient comme un refrain... "on a raté quoi là ?"


SPOTIFY : Possibilité immédiate pour n'importe qui de mettre en ligne et à la vente une oeuvre. Accès à toutes les plateformes commerciales qui permettent de faire du marketing digital. Les plateformes elles-même, les tutos You Yube et les formations pro en ligne de type Udemy, les services indés de type Fiverr achèvent de permettre à n'importe quel artiste entrepreneur d'avoir les mêmes outils de travail qu'un label ou une major.


Grosse réserve : Ne nous faites pas dire que ce nous n'avons pas dit, on peut aller très loin en indé pour créer, produire, se faire connaitre et commercialiser mais il faudra toujours s'entourer de professionnels pour développer à un moment donné et pour passer le plafond de verre du développement. Les stratégies de développement, les relations publiques et presse, TV, radio, les placements de produits, l'expertise en média marketing, le déroulé d'un plan marketing, le poids d'une équipe de travail pro et la puissance financière des investissements, tout cela restent l'apanage des labels et des maisons de disques, au moins pour la distribution et le marketing national (Contrat de licence).


Quid de l'édition ?


Alors quoi... la création, la production, la commercialisation, la distribution, et le marketing tout aurait changé, sauf l'édition !?


L'exemple de Beatstars le prouve, ici aussi les lignes ont bougé.


Chercher une signature en édition n'est plus une nécessité vitale désormais, on peut travailler sur plusieurs axes de développement, et ne donner l'exclusivité que sur des projets engagés commercialement. Vous le savez aussi bien que nous, un éditeur n'a pas "tous" les contacts des artistes, du moins en dehors de son réseau et de son cercle d'influence premier (souvent limité selon le genre et le style de son roaster d'artistes), et c'est le cas d'autant plus s'il n'a pas encore travaillé à l'international.


Comprenez que l'éditeur qui vous intéresse pour placer un titre, est celui qui est attaché professionnellement à l'artiste auprès duquel vous voulez placer. En rajouter un au départ n'est donc pas une obligation, ni même souhaitable à ce stade. A moins que votre éditeur soit très bon évidemment ou disponible à haute fréquence, ou simplement l'instigateur des deals que vous recevez en cascade. Rien ne le remplacerait dans ce cas... Mais on évoque ici des gens déjà plutôt connus dans le métier, qui sont déjà "envisagés"... et ce n'est pas du tout notre sujet ici, puisque dans votre cas, vous êtes indé ou en développement...


Extrait du livre "Music Business Express" de François Pelissou / www.pitchmusiccenter.com


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